Restauration d'un demi-basane : passure en carton, dos, papiers marbrés extérieurs, mors intérieurs

Il s'agit d'un ouvrage intitulé Statera temporum De praektantia kalendarij Gregorani & eius facili vfu. In qua ea omnia qua ex computo ecclefiaftico haberi poterunt a qualibet mundi creatione qua ad noftra futura fecula ab fy fcriptura unica ictu oculi repertuntur. Opus ecclefiafticis neceffar'um, hiftoricis vero, medicis, nautis agricolis, omnibufq utiliffinum. Écrit par Octaviano Marinio interamnate prothono apost ad' Sanctissimum Urbanum 8 Pont Max. Il est illustré de gravures réalisées par Nicolo Teraldini à Bologne en MDCXXXIII

Description

               
  

- Ouvrage du XVIIe siècle.

          - Demi-veau de couleur caramel..

- Papiers marbrés dans des tonalités marron.

- Couture sur trois ficelles.

- Trois nerfs apparents sur le dos, peu marqués.

- Peu d'éléments de dorure sur le dos ; le titre n'y figure pas. Seul un fleuron marquant les initiales de SG figure en tête.

- Les plats comportent deux médaillons estampés dans le papier marquant ces mêmes initiales.

- Tranchefiles de lin de couleur crème.

- Petits coins parcheminés vert.

- Gardes blanches.

Détériorations

- Cuir de couvrure en très mauvais état.

- Un plat est désolidarisé du livre et l'autre n'est plus attaché que par deux ficelles qui semblent faibles.

- Les gardes blanches comportent des lacunes et se détachent en partie du bloc-livre.

Restauration envisagée

- Décoller en partie les gardes blanches des plats et refaire une passure en carton.

- Couvrir le dos d'un cuir neuf ; conserver les tranchefiles qui semblent en bon état.

- Recollage des gardes blanches.

Opérations

Dos

* Une tentative de conserver le dos est tentée, ceci malgré son état de détérioration. Il faut tout d'abord inciser au niveau du mors et au pied de chaque nerf. De la tylose est appliquée sur toute la surface puis une bande de japon plus large est placée par dessus.

Il faut laisser sécher quelques minutes et soulever en s'aidant d'un scalpel et d'une spatule. Le cuir résiste très mal à cette opération ; seul un caisson est conservé : il s'agit de celui qui comporte la dorure. Il est placé à part dans une boite. Comme pour le livre précédent, il faut ensuite soulever le papier sur les plats internes, externes et sur les chants du carton. Les plats sont débarrassés du cuir abîmé.

Le dos est, quant à lui, gratté avec l'aide de la tylose. Lors de cette opération, l'une des trois ficelles retenant encore le plat au corps du livre se rompt. Les ficelles restantes s'avèrent insuffisantes pour avoir une passure en carton suffisamment solide. De plus, elles semblent fragiles. Elles sont donc sectionnées.

   

Une nouvelle passure en carton sera effectuée.

La garde blanche étant rompue dans le mors, le plat se détache du livre. Les nerfs, une fois nettoyés, se révèlent trop fragiles. Ils sont enlevés. Afin de les remplacer, on lisse de la ficelle avec de la colle de pâte en la tournant sur elle-même, puis on applique de la colle sur le dos à l'endroit où les nerfs se trouvaient auparavant. La ficelle apprêtée est collée. Pour bien adhérer, elle doit dépasser de chaque côté du dos et être tirée simultanément à partir des deux extrémités.
    



Afin de procéder à une nouvelle passure en carton, il faut créer l'espace nécessaire en décollant les gardes blanches des plats sur deux cm. L'application de tylose permet de faciliter cette opération, le papier se décolle relativement facilement au bout de quelques minutes. L'ancienne passure en carton se dévoile alors. Il faut bien observer la façon dont elle est effectuée car il faut la refaire à l'identique

 

Avec une pointe et en utilisant les trous de la couture, il faut percer un trou au travers du mors, de part et d'autre du nerf.

Six ficelles (6 cm environ) sont dédoublées, lissées en pointe grâce à de la colle de pâte sur une extrémité. En séchant, la ficelle devient aussi dure qu'une aiguille. Elle est glissée dans le trou du nerf puis passée au dessus. Elle ressort au niveau du mors. Il faut procéder de même pour chacun des nerfs et de chaque côté.
   

* Une fois cela réalisé, les faux nerfs sont recoupés au ras des mors (la lame du scalpel doit être parallèle au bloc-livre).

Les ficelles vont permettre la nouvelle passure en carton.

Passure en carton

* La passure en carton est réalisée grâce aux trous déjà existants. L'extrémité des ficelles est fixée avec un mélange de colle d'amidon et d'élasta f.
   

Les éléments du livre sont alors tous attenant au bloc-livre.

Couvrure

* Il faut alors décider de la peau, de ses dimensions, et la parer comme il a été dit précédemment.

Le livre présentant des irrégularités on place de petites bandes de japon entre chaque nerf de la largeur du dos.

Une fois ces bandes sèches, on peut passer à la couvrure. Encore une fois, les cartons ne sont pas très épais et le cuir ayant peu été paré au niveau des remplis, ce n'est pas la peine de combler les coiffes avec des ficelles.

  

On laisse ensuite sécher entre des ais avec un non-tissé entre le cuir et le papier marbré.

Plats

* À ce stade de la restauration, le papier marbré des plats a beaucoup souffert des manipulations. Il s'est effrité sur toute sa longueur et les morceaux récupérés sont inutilisables car ils sont cuits. Il en manque de larges bandes.

Toutefois, l'atelier possède dans ses réserves deux plats récupérés qui ont un marbré identique. L'un des plats est plongé dans un bac d'eau chaude et le papier marbré est récupéré. Il est mis à sécher sous ais entre deux buvards toute une nuit. Une fois sec, le papier se révèle trop cassant pour pouvoir être utilisé tel quel. Il est donc encollé sur un fin simili et passé sous presse. Une fois contre-collé, le papier est plus résistant (bien que toujours cassant).



   

Il s'avère impossible de le plier au niveau des chants du carton pour faire effectuer les remplis des languettes  à remplacer.

Deux bandes sont coupées (largeur variable ; le papier doit chevaucher le marbré d'origine et le cuir et de la hauteur du livre) et élaguées sur  trois cotés. Elles sont collées sur les plats afin de cacher les cartons apparents et les remplis du cuir.

  

En ce qui concerne les chants des cartons, les manques sont comblés au papier japon qui sera teinté par la suite.

  

Ré-incrustation du dos

La petite partie du dos épargnée présente un blanchissement anormal et le cuir semble tout racorni. Un ponçage est tout de même tenté. En définitive, le cuir s'avère inutilisable car il s'effrite lorsqu'il est séparé du japon. Le nouveau cuir du dos restera donc à nu.



Les coins ne sont pas retouchés car ils se sont bien maintenus. Seuls quelques fragments de japon sont collés pour combler des petits manques.

 

Restauration papier

* Les comblages au papier japon peuvent ensuite être peints à l'acrylique. Les morceaux étant petits, cela ne pose pas de réels problèmes.





Restauration des gardes blanches

* Les parties soulevées à la tylose pour effectuer la passure en carton vont pouvoir être rabattues. Afin de renforcer le mors, on pose une charnière de japon à cheval sur le mors et débordant de 2 mm sur le plat et le bloc-livre. La charnière est cette fois-ci placée avant de rabattre la garde. Cette opération peut également être effectuée après, mais elle est moins visible si elle est faite avant. La charnière est collée bien au fond du mors et la garde est ensuite rabattue. Ces collages se font à la colle de pâte.

*Les gardes, qui ont été séparées du corps du livre au début des opérations, doivent être remises en place. Il faut tout d'abord combler les lacunes en collant du papier japon de la même couleur et de la même épaisseur que les gardes. Les bords du japon sont, au préalable, élagués et la forme globale vient exactement se loger dans l'espace des manques avec un léger chevauchement qui permettra le collage (colle de pâte). Le séchage se fait bien à plat entre deux  non-tissés. Chaque manque est ainsi réparé. Le bord de la garde blanche venant se loger dans le mors est rafraîchi et le collage est effectué toujours bien à plat avec un léger retrait par rapport au fond du mors. Il faut faire de même pour l'autre garde.

   


    

Patine

Le cuir du dos et des plats est patiné. On procède avec de l'eau de colle, de l'eau claire et du brou de noix appliqués à l'éponge végétale. La couleur d'origine étant relativement claire, il faut incorporer peu de teinture. Par ailleurs, une légère couche de teinture de brou de noix est passée sur l'ensemble de la surface des deux plats afin d'unifier la couleur des deux marbrés.

 

Finissure

* Le fond des cahiers peut alors être nettoyé.

* Une dernière mise en presse précède la visiture et la restauration est terminée.

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